Samuel Sufo

Les nouveaux philosophes : regard sur une jeunesse très inspirée

Ce mois de mai marque la fin d’année scolaire pour de nombreux écoliers dans mon pays.  A cet effet, je vais vous faire part d’un phénomène que j’observe depuis près de deux ans déjà. Et même plus. En réalité, il s’agit d’un attrait assumé par les adolescents aux citations « philosophiques ». Dont ils font usage  pour dire comment ils se sentent ou pour exprimer ce qui leur arrive. Que ce soit en bien ou en mal. Ce sursaut de nos jeunes vers la « philosophie » s’explique selon moi par divers facteurs. Le plus marquant étant l’accès de plus en plus aisé aux technologies de l’information et de la communication. Nouvelle attraction depuis une dizaine d’années, le net enchante les adolescents. Au point de les détourner des dessins animés et des fameux Mangas japonais. Même s’ils  trouvent une excroissance de ces derniers sur la toile.

La course au buzz

L’essor des réseaux sociaux dans mon pays a eu pour corollaire de libérer la parole.  Ainsi, les jeunes et les adolescents y trouvent des espaces de communication différents des supports traditionnels. C’est-à-dire la radio, la télévision et la presse écrite ; pour ne citer que ceux-là. Le jeune ou l’adolescent se considère dès lors comme une étoile ; comme une ‘’star’’. Et seul capitaine dans son bateau ; sa page sur un réseau social. Dans cette optique, il est soucieux de s’imposer comme tel. Et de broyer une éventuelle concurrence. Cette dernière se forge généralement dans le milieu scolaire, académique ou dans les quartiers. Pour ce faire, il faut impressionner son audience ; ses followers. Il faut les surprendre, les abasourdir. Ceci avec  des photos qui parfois sortent du commun et un texte qui les accompagnent. En dépit du fait qu’il n’existe très souvent aucune corrélation particulière entre les deux.

Outils de communication numérique
Les TIC ont considérablement délié les langues des adolescents chez nous

Les sujets prisés

L’amour et la réussite sont très prisés par ces nouveaux philosophes. En effet, un parcours des pages des adolescents sur la toile montre qu’ils sont le principal sujet des posts à relent philosophique. Ces derniers s’expriment souvent dans un ton décousu. Mêlé de colère et de haine parfois. Envers qui ? Je ne sais trop comment répondre à cette question pourtant simple. Toujours est-il que concernant l’amour, les déceptions sont très en vogue chez nos adolescents. Lorsqu’on lit ce que ces derniers postent à longueur de journée sur cet aspect, on doit réellement avoir peur. Certains vont même jusqu’à dire qu’ils vivront seuls et célibataires car trop déçus par le monde. Et dire que ces jeunes ont souvent moins de 18 ans. Tout au moins, espérons que le temps leur fera changer d’avis. Même s’il n y a rien de mal à vivre en solitaire.

La crainte d’une déculturation 

Les posts philosophiques des adolescents sur la toile renseignent sur un fait indéniable. La perte de notre identité culturelle. En fait, nos jeunes lisent très peu. Bref, ils ne lisent pas. Et lorsqu’ils font l’effort de citer quelqu’un, il s’agit toujours d’un artiste-musicien. Ou au pire un auteur occidental. Par conséquent, ils ne citent jamais les auteurs locaux ; qu’ils connaissent très peu, pour les plus aguerris. Ou alors qu’ils ne connaissent pas du tout. Parlez-leur de Léonora Miano, de Patrice Nganang ; ils seront dans les nuages. Ça se ressent dans ce qu’ils débitent dans les flux de discussion. Mais surtout dans leurs posts. Quand ils parlent de religion, ils font référence aux religions importées. Sans savoir que nos aïeux avaient leur pratique dans ce domaine. Tout ceci explique l’échec d’une transmission générationnelle. Avec pour conséquence la perte de nos valeurs et nos repères ; programmée depuis des siècles.

Bien philosopher c’est encore mieux !

La philosophie a pour particularité qu’elle permet de se frayer un chemin dans notre univers. En fait, notre environnement est marqué par la recherche du gain et l’abandon de l’humain. Très souvent au profit des intérêts divers et mesquins. Néanmoins, la philosophie est ce chemin inverse qui doit inéluctablement être emprunté. Pour ce faire, nous devons penser par nous-mêmes notre rapport au monde et à la civilisation. Car marcher sur les pas des autres a été et sera toujours une erreur fatale. La preuve ; nos jeunes sont perdus. Ils sont désorientés. Ils sont ainsi à la recherche d’un ailleurs ; un ailleurs qui pourtant se trouve sur leur terre. Il suffit juste d’avoir le courage de faire marche-arrière. De puiser dans le tréfonds des enseignements laissés par nos ascendants. Comme les autres l’ont fait dans d’autres points du globe.  Ce n’est pourtant pas magique.

C’est un travail de longue haleine qui doit s’imposer. Car il faudra combattre contre soi-même. Mais surtout contre les siens. Contre la société. Ça nécessite de faire beaucoup de sacrifices. C’est à ce prix que nos adolescents prendront appui sur leurs racines pour s’ouvrir au monde ; pour philosopher.

 

 


La journée internationale de la femme au Cameroun

Aujourd’hui, le monde entier célèbre la Journée internationale des femmes. Ou mieux ; la Journée internationale des droits des femmes. Ainsi, comme c’est le cas tous les ans, on assiste à travers le globe à diverses manifestations. Conférences, colloques, défilés, célébrations festives etc. Tout ceci dans le but de rappeler que la femme est l’égale de l’homme. Et à ce titre, elle doit avoir les mêmes droits que ce dernier. En cette journée dédiée à la gent féminine, il convient de s’interroger sur les enjeux de cette célébration. Plus précisément au Cameroun. Mais également sur les voies d’émancipation de la femme africaine.

Le 8 mars au Cameroun

La Journée des droits des femmes est issue des luttes féministes menées sur les continents européen et américain. De ce fait, elle a été reconnue et officialisée par les Nations Unies en 1977. Et symbolise les combats en faveur d’une meilleure prise en compte des femmes dans les activités quotidiennes (politique, économique, sociale…). Dans son acception camerounaise, la journée des droits des femmes est particulière. On assiste ci et là à des conférences sur le droit des femmes, avec pour point d’orgue des défilés dans toutes les villes du pays. Et à la fin, des réjouissances populaires qui durent jusqu’à l’aube. On se croirait ainsi à un réveillon de Noël ou de nouvel an, car toutes les rues des grandes villes sont bondées de femmes en uniforme de l’événement, qui chantent et célèbrent la vie. Le sens même de la journée est laissé de côté, pour ne pas dire, ignoré.

La journée internationale de la femme est un jour férié non officiel. En réalité, dans les administrations publiques, le travail est au ralenti, les femmes introuvables. Parfois, elles sont quasiment closes. Les écoles maternelles sont fermées. Les élèves du primaire sont souvent abandonnés à eux-mêmes, les enseignantes étant plus préoccupées par la célébration de la journée des droits des femmes. A cet effet, des dépenses considérables sont engagées par les pouvoirs publics. On oublie pour quelques heures les problèmes, les soucis. L’heure est à la fête. C’est le 8 mars.

Situation de la femme camerounaise

A l’instar des africaines, la femme camerounaise subit un processus d’occidentalisation qui mérite d’être remis en cause. En fait, nos valeurs traditionnelles sont peu à peu délaissées, considérées comme une atteinte aux droits de l’homme, et par ricochet aux droits de la femme. Cette dernière revendique dès lors la place de chef. Au point où l’on observe régulièrement des bagarres dans les foyers. Il n’est nullement question de dire ici que la place de la femme doit rester à la cuisine, ou qu’elle doit se contenter de l’éducation des enfants. Ce n’est pas mon intention. La modernisation ou l’occidentalisation tend à nous faire croire qu’il faut tout abandonner de nos pratiques anciennes. Ce qui serait une fausse piste et très dommageable, notamment pour les générations futures qui ne s’identifieraient qu’aux top-models européens ou aux stars du show biz américaines. Ce qui constituerait un grand crime pour notre société.

On semble oublier que c’est la femme qui est le véritable chef de la famille. Ce rôle important doit être mis en avant. Ce qui permettra de mettre fin aux stigmatisations. En outre, il est nécessaire d’évoquer les femmes qui se battent au quotidien pour leur famille, leur communauté et de surcroît pour le pays. Depuis toujours, elles sont avocates, magistrats, femmes d’affaire, industrielles… Sans oublier les agricultrices, les commerçantes, celles qui se exercent dans l’informel. Cette liste est loin d’être exhaustive.

L’avenir de la femme camerounaise

L’émancipation de la femme passe nécessairement par la résolution des problèmes de base de la société. Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. En résolvant le problème du chômage massif, on donne le travail aux femmes. Désenclaver les villes et les villages signifierait améliorer leurs conditions d’existence (santé, éducation, formation professionnelle). Mettre fin à l’impunité permettra de dire adieu aux « meurtres conjugaux » qui meublent très souvent les colonnes des journaux concernant les faits divers. Il faut surtout mettre un point d’honneur sur l’éducation de la jeune fille. Mettre au centre de cette éducation les valeurs traditionnelles et religieuses africaines.

Il faut leur enseigner l’histoire du pays et du continent. Pour qu’elles soient elles aussi fières de leur terre, de leurs aïeux. Car comme dit quelqu’un : « Un peuple sans histoire, est un monde sans âme ». Ainsi, elles seront à mesure d’affronter le monde sans complexe et sans crainte.

Bonne Fête aux Femmes !


De l’usage d’internet en Afrique

Comme partout dans le monde, l’Afrique a subi un développement rapide des technologies de l’information et de la communication (TIC). Celles-ci, de par leurs différentes applications, ont libéré le génie de notre continent. En outre, elles ont boosté la créativité des Africains, jeunes comme adultes. Cependant, au-delà des considérations d’ordre économique, plusieurs questions méritent d’être posées. Il convient de s’interroger notamment sur les contenus échangés sur les réseaux sociaux.

De la nécessité d’une remise en question…

Au début du mois de février, une vidéo devenue virale circulait sur les réseaux sociaux. En fait, elle montrait des jeunes en train de commettre un viol sur une adolescente. Sans l’avoir personnellement visionnée, j’ai eu froid dans le dos. Jusqu’à présent je frissonne en y pensant. Car je ne parviens pas à imaginer comment on peut être aussi cruel. Même si l’on est jeune.

Et le comble de tout ceci est d’en faire une vidéo qui, par ailleurs, fera le tour du monde. Cette scène d’une violence inouïe ne saurait être tolérée. D’autant qu’elle s’ajoute à un long chapelet de griefs en ce qui concerne l’usage du net chez nous. Depuis une dizaine d’années que j’utilise la toile, je tombe très souvent sur des nus, des photos indécentes aux sex tapes publiés dans les réseaux sociaux. Si l’on ajoute la diffamation, le tribalisme et les injures, internet chez nous semble provoquer des drames.

Tout y passe : appel à la haine, moqueries de toutes sortes, affrontement verbal, humiliations. Tout est mélangé. On ne distingue plus ce qui est privé de ce qui est public, entre des photos prises aux toilettes, à la cuisine, en discothèque ou dans son lieu de service. La confusion est facile. Quelques fois, on publie des photos des gens sans leur autorisation. Dès que vous êtes photographié, la seconde d’après vous êtes affiché sur les réseaux sociaux. Or la politesse voudrait que vous soyez consulté bien avant, afin de donner votre avis ou du moins de dire si la photo est publiable ou pas. Il faut aussi noter qu’une photo est diversement appréciée. Ce qui peut apparaître bien, beau pour quelqu’un ne l’est pas forcément pour un autre.

Social media
Les smartphones sont de plus en plus prisés.
Geralt sur Pixabay

De l’absence de structure de veille et d’action…

Revenons un peu sur le cas de l’adolescente évoqué plus haut. N’eut été le tollé suscité sur la toile, je suis persuadé qu’on aurait gardé le silence. Comme d’habitude. Ou alors ça aurait fait un peu de bruit pendant quelques heures ou au plus quelques jours et puis, basta. La vie reprend son cours normal. Ceci s’explique surtout par le manque ou l’absence de structures dédiées aux crimes commis sur la toile. Dépourvues de moyens techniques et financiers adéquats, la police, la gendarmerie et la justice sont incapables de réprimander ces phénomènes. Elles ne semblent même pas s’y intéresser. Il en est de même des ONG de défense des droits de l’homme. Pourtant elles sont très loquaces quand il s’agit de critiquer l’action gouvernementale sur tel ou tel domaine. Dans ce cas, les sujets à traiter ne manquent pas.

Il faut à tout prix et à tous les prix montrer que le gouvernement fait mal ou est incompétent. Apparemment, la violation des droits humains sur la toile ne fait pas recette. C’est juste une modeste observation de ma part.

De la nécessité de protéger les miens…

Internet, comme partout dans le monde regorge d’un potentiel inédit. Mais son usage doit être recadré chez nous en Afrique ; au drame de voir notre jeunesse sombrer et être emportée dans une spirale dont il sera difficile d’en sortir. Il faut nécessairement accompagner le développement des TIC avec des structures de répression. Il s’agit de protéger les populations et les usagers de ces outils. Lire tous les jours les appels à la haine sur la toile est choquant. Visionner des photos et des vidéos indécentes c’est offusquant. Avec des structures de répression, de tels comportements peuvent être régulés, sinon éradiqués.


La ‘’janviose’’ : une maladie imaginaire dans mon pays

De tous les douze mois de l’année, le mois de janvier est celui qui est le plus intriguant. Tant il est redouté et à la fois très attendu.

Janvier en quelques mots…

Le mois de janvier est généralement craint dans une bonne partie du globe. Ceci ; en raison des dépenses que chacun de nous a eu à effectuer en décembre. Plus précisément pendant la période dite des fêtes de fin d’année. Janvier ; le premier mois de l’année, est donc considéré comme  le plus long. Non pas en raison du nombre de jours ; mais de la rareté de l’argent ou des finances. Dans certains coins de mon pays ; il est même détesté. Tout comme le lundi ; premier jour de la semaine qui vient interrompre un week-end souvent festif. Un terme a même été inventé pour désigner la fièvre de ce mois de janvier. Il s’agit de ‘’janviose’’. Je n’ai pas trouvé une autre signification appropriée de ce mot. Qui est couramment utilisé chez nous en cette période de l’année.

Si quelqu’un te doit de l’argent et que tu vas vers lui ce mois, il te répondra sans appel : « Mon frère, la janviose ne me laisse pas » ! On entend également çà et là : « Le mois de janvier ci finira même un jour » ? A écouter certains Camerounais, on aurait dit que ce mois de janvier compte 365 jours et non 31 comme sur le calendrier. Tellement il paraîtrait interminable ; ou mieux tellement l’argent se fait rare. Presque introuvable. Mais ce qui est curieux dans tout ceci c’est que tous les lieux de joie et de plaisir ne désemplissent pas durant tout ce mois. Un tour dans les quartiers bruyants de Yaoundé ; de Douala et de Bafoussam rend compte de ce fait. Les bars, les snacks et autres lieux d’ambiance sont toujours pleins à craquer.

Janvier ; un mois tout de même festif…

Le plus surprenant c’est que ce sont les mêmes qui se plaignent de la janviose qu’on aperçoit dans ces milieux. Ils offrent la bière à volonté et ‘’farotent’’ même des sommes considérables sur les artistes qui prestent. Pour eux, le mois de janvier n’est pas très différent de celui décembre. Tous les week-ends, ils se trémoussent sur les pistes de danse des snacks et des discothèques. Et n’hésitent pas à s’évader pour des séjours dans la cité balnéaire de Kribi ; pour profiter de la plage. La mer étant très clémente en cette période de l’année. Tout ceci s’explique par la priorité donnée aux plaisirs et aux alcools dans mon pays. La consommation d’alcool y est très élevée. Nous avons trop de disciples de Bacchus ; certains étant gênants à la limite. Ils se réclament de plus en plus chez les adolescents ; la consommation d’alcool étant précoce chez nous.

Verres de bière et de l'orge
Malgré tout, en janvier, la bière coule à flot !

Il en est de même des kiosques des jeux de hasard. Ces derniers sont toujours pris d’assaut par des parieurs qui misent de fortes sommes d’argent qu’ils espèrent multiplier en retour. De ce côté aussi, les adolescents ne sont pas en reste. Ils constituent d’ailleurs une clientèle de choix pour les entreprises de ce secteur qui en outre réalisent des bénéfices considérables. Se plaindre de la janviose est un aveu de mauvaise fois chez certains d’entre nous. Ceci indique le fait que nous donnons plus d’importance aux plaisirs mondains ; inutiles. Qui nous plongent inéluctablement dans la spirale de la dette et bienvenue les remords.


Manioc : quand le “sauveur’’ ne ‘’sauve’’ plus !

Jadis, le « sauveur » constituait le repas de base des étudiants au Cameroun (mon pays) et même ailleurs en Afrique. Plusieurs ‘’grands’’ chez nous, hommes comme femmes, content encore avec émotion comment cet aliment leur a permis de survivre à la fac. Notre ‘’sauveur’’ dans le jargon local désigne le tapioca (ou gari). Il a fait et fait toujours partie de notre quotidien, même si son usage est de plus en plus restreint.

Brève définition

Si certains d’entre vous connaissent la signification du ‘’sauveur’’, une définition est selon moi utile malgré tout. Le ‘’Sauveur’’ est une fécule, utilisée en cuisine, produite à partir des racines du manioc amer, qui sont séchées puis traitées. Mélangé à l’huile de palme, sa particularité est qu’il augmente de volume au contact de l’eau. Il est consommé dans diverses régions du monde. Au Cameroun, il est consommé de différentes manières. Pour de plus amples informations, vous pouvez aussi lire consulter l’article de ma collègue mondoblogeuse (votre espionne culinaire) sur le tapioca cuisiné « à la camerounaise ».

Le ‘’sauveur’’ de plus en plus cher !

Dans les boutiques des principales villes du Cameroun, les prix du ‘’sauveur’’ ont doublé. Ceci est dû en grande partie à la flambée des prix du manioc. Les produits vivriers coûtent de plus en plus chers. Le manioc n’échappe pas à cette logique. Ceci s’explique par l’enclavement des bassins de production, qui sont pratiquement inaccessibles en saison pluvieuse. Cela induit une augmentation des coûts de transport pour les commerçants, l’augmentation peut être très importante et atteindre 100%, en fonction de la zone sollicitée.

Dans un article paru sur le site de l’Agence de Presse Africaine, une commerçante se plaint en ces termes : « quand on est à Douala, pour aller jusqu’à Ndom (littoral) où se trouve du bon manioc, le transport coûte 7000 francs CFA. Aller et retour, cela fait 14 000 francs CFA. Or, avec les pluies, les transporteurs nous prennent 10 000 francs CFA, soit 20 000 francs CFA en aller-retour. Nous devons donc forcément augmenter le prix de vente pour nous en sortir ». A ceci, s’ajoute les caprices du climat qui ne rendent pas possibles les bonnes récoltes.

Manioc
Le manioc est désormais vendu à prix d’or

Ainsi, dans les marchés de Yaoundé, la capitale camerounaise, le manioc est devenu une denrée vraiment hors de prix.  Le sac de 50 kg qui revenait jadis à 3500 FCFA est désormais cédé à 8000 FCFA, soit une hausse de plus de 100% ! On constate pratiquement le même niveau de hausse sur le sac de 100 kg, cédé à 13 000 F.CFA actuellement contre 7500 F.CFA par le passé. L’huile de palme n’est pas en reste, comme le manioc elle a subi une hausse considérable, elle est vendue actuellement à 600 voire 700 FCFA le litre contre 400 FCFA il y a 10 ou 15 ans. On retrouve ce phénomène de hausse des prix dans les zones rurales également, les produits sont vendus le même prix que dans les villes. Une des raisons de cette hausse est que le Cameroun accuse un déficit de production d’huile de palme, tout comme du manioc.

Ainsi, le « sauveur » n’est plus à la portée de toutes les bourses comme par le passé. Sur les étals des marchés, il est venu à 600 et 700 FCFA le kg. Dans certaines villes, les prix vont même jusqu’à 800 FCFA le kg. Pour le manioc de meilleure qualité, un verre de tapioca coûte ainsi 50, 75 et 100 FCFA. S’il faut y ajouter les arachides vendues également à prix d’or et le sucre, cela devient un vrai budget ! Pour le citoyen moyen, le « sauveur » semble donc être devenu aujourd’hui un lointain souvenir. Mais il faut le reconnaître, il garde malgré tout encore la confiance et le respect de nombreux Camerounais, dont moi !