Manioc : quand le “sauveur’’ ne ‘’sauve’’ plus !

Article : Manioc : quand le “sauveur’’ ne ‘’sauve’’ plus !
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8 décembre 2017

Manioc : quand le “sauveur’’ ne ‘’sauve’’ plus !

Jadis, le « sauveur » constituait le repas de base des étudiants au Cameroun (mon pays) et même ailleurs en Afrique. Plusieurs ‘’grands’’ chez nous, hommes comme femmes, content encore avec émotion comment cet aliment leur a permis de survivre à la fac. Notre ‘’sauveur’’ dans le jargon local désigne le tapioca (ou gari). Il a fait et fait toujours partie de notre quotidien, même si son usage est de plus en plus restreint.

Brève définition

Si certains d’entre vous connaissent la signification du ‘’sauveur’’, une définition est selon moi utile malgré tout. Le ‘’Sauveur’’ est une fécule, utilisée en cuisine, produite à partir des racines du manioc amer, qui sont séchées puis traitées. Mélangé à l’huile de palme, sa particularité est qu’il augmente de volume au contact de l’eau. Il est consommé dans diverses régions du monde. Au Cameroun, il est consommé de différentes manières. Pour de plus amples informations, vous pouvez aussi lire consulter l’article de ma collègue mondoblogeuse (votre espionne culinaire) sur le tapioca cuisiné « à la camerounaise ».

Le ‘’sauveur’’ de plus en plus cher !

Dans les boutiques des principales villes du Cameroun, les prix du ‘’sauveur’’ ont doublé. Ceci est dû en grande partie à la flambée des prix du manioc. Les produits vivriers coûtent de plus en plus chers. Le manioc n’échappe pas à cette logique. Ceci s’explique par l’enclavement des bassins de production, qui sont pratiquement inaccessibles en saison pluvieuse. Cela induit une augmentation des coûts de transport pour les commerçants, l’augmentation peut être très importante et atteindre 100%, en fonction de la zone sollicitée.

Dans un article paru sur le site de l’Agence de Presse Africaine, une commerçante se plaint en ces termes : « quand on est à Douala, pour aller jusqu’à Ndom (littoral) où se trouve du bon manioc, le transport coûte 7000 francs CFA. Aller et retour, cela fait 14 000 francs CFA. Or, avec les pluies, les transporteurs nous prennent 10 000 francs CFA, soit 20 000 francs CFA en aller-retour. Nous devons donc forcément augmenter le prix de vente pour nous en sortir ». A ceci, s’ajoute les caprices du climat qui ne rendent pas possibles les bonnes récoltes.

Manioc
Le manioc est désormais vendu à prix d’or

Ainsi, dans les marchés de Yaoundé, la capitale camerounaise, le manioc est devenu une denrée vraiment hors de prix.  Le sac de 50 kg qui revenait jadis à 3500 FCFA est désormais cédé à 8000 FCFA, soit une hausse de plus de 100% ! On constate pratiquement le même niveau de hausse sur le sac de 100 kg, cédé à 13 000 F.CFA actuellement contre 7500 F.CFA par le passé. L’huile de palme n’est pas en reste, comme le manioc elle a subi une hausse considérable, elle est vendue actuellement à 600 voire 700 FCFA le litre contre 400 FCFA il y a 10 ou 15 ans. On retrouve ce phénomène de hausse des prix dans les zones rurales également, les produits sont vendus le même prix que dans les villes. Une des raisons de cette hausse est que le Cameroun accuse un déficit de production d’huile de palme, tout comme du manioc.

Ainsi, le « sauveur » n’est plus à la portée de toutes les bourses comme par le passé. Sur les étals des marchés, il est venu à 600 et 700 FCFA le kg. Dans certaines villes, les prix vont même jusqu’à 800 FCFA le kg. Pour le manioc de meilleure qualité, un verre de tapioca coûte ainsi 50, 75 et 100 FCFA. S’il faut y ajouter les arachides vendues également à prix d’or et le sucre, cela devient un vrai budget ! Pour le citoyen moyen, le « sauveur » semble donc être devenu aujourd’hui un lointain souvenir. Mais il faut le reconnaître, il garde malgré tout encore la confiance et le respect de nombreux Camerounais, dont moi !

 

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Commentaires

Aladin
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Le destin du ''sauveur'' est emblématique d'une absence de politique agricole pertinente au Cameroun. Malgré toutes les incantations des responsables politiques, la production agricole pourrie au champ pourtant elle est en pénurie en ville...

Samuel Sufo
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Dommage vraiment et ce sont des millers d'emploi détuits

Ecclésiaste Deudjui
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maintenant ce n'est plus n'importe qui qui peut manger le tapioca...

Samuel Sufo
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Je t'assure; moi même je réfléchis souvent avant de m'en procurer!