Le calvaire des migrants africains en Libye: ma part de vérité.

Article : Le calvaire des migrants africains en Libye: ma part de vérité.
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21 novembre 2017

Le calvaire des migrants africains en Libye: ma part de vérité.

Sujet simple et délicat

C’est très difficile de s’intéresser à un sujet aussi délicat que ce qui se passe actuellement en Libye. Depuis quelques jours, le monde entier s’émeut de l’esclavage de certains migrants. Ces derniers vendus aux enchères sur leur parcours pour rejoindre  »l’eldorado » européen. Ce qui me surprend le plus ce sont les réactions d’indignation des dirigeants du monde et plus précisément de l’ONU. Qui ont promis comme les pouvoirs publics libyens d’ouvrir une enquête pour voir plus clair dans tout cela. Je me demande quand est-ce que cette comédie finira. Car il s’agit bien d’une comédie avec pour acteur principal l’être humain que nous sommes. Qu’il soit africain, asiatique, européen ou américain. Dire que l’esclavage existe de nos jours est un secret de polichinelle. Le reportage de la chaîne d’information CNN ne vient que rappeler ce que nous savons déjà. Tant pour les curieux que pour les ignorants.

Il me souvient qu’en début 2017, l’OIM a rendu public un rapport. Celui-ci faisait état de la vente des êtres humains ; des migrants sur la place publique en Libye. Ce rapport a été abondamment commenté par les médias et sur les réseaux sociaux. Et comme d’habitude, tout est passé dans l’oubli après. Le reportage de CNN ne saurait donc être une surprise pour nous tous. Notre hypocrisie ne doit plus être cachée. Nous la rejetons souvent sur nos dirigeants mais il temps que nous l’assumons. Rejeter la faute sur nos dirigeants a toujours été notre tasse de thé. Or nous savons tous que cela n’arrangera jamais les choses. Au contraire, la situation actuelle en Libye peut leur être amputée. Car tous ou presque étaient en poste lorsque ‘’la communauté internationale’’ a décidé de ‘’démocratiser’’ ce pays.  Comme dit un adage populaire, ‘’qui ne dit mot, consent’’.

Fer pour esclave

Définition du mot ‘’esclave’’

Les réactions d’indignation qui se poursuivent me renvoient dans mon dictionnaire. J’ai consulté les différentes définitions ou les différents sens du mot esclave. Il renvoie également à « celui qui par flatterie, par intérêt se met dans la dépendance de quelqu’un et suit aveuglement ses volontés ». Un esclave est donc quelqu’un qui est « attaché ». Attaché à une conception du monde figée, immuable. L’esclave n’est pas forcément celui qui est ‘’officiellement’’ ou ‘’matériellement’’ en captivité. Car l’élément psychologique compte beaucoup et constitue le premier facteur déterminant de la situation d’esclave. En ce sens, les esclaves se retrouvent partout, sur tous les continents. Dans les pays dits démocratiques ou non.

Aldous Huxley le dit si bien dans son livre Le meilleur des mondes. Il y écrit : « La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader. Un système d’esclavage, où grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude ». Aujourd’hui, l’esclave africain c’est celui qui pense que le meilleur est toujours ailleurs. Est esclave l’africain qui à tout prix veut traverser mers et océans à la nage pour espérer le meilleur. L’esclave africain c’est celui qui critique et médit tous les jours sur son pays. C’est celui qui ignore que sa terre natale est une richesse comme partout ailleurs. L’esclave africain c’est celui qui refuse de se réinventer. Et est assis sur des préconceptions mystico-religieuses du monde qui pourtant ne changent rien à son quotidien.

Une dizaine de migrants
Migrants somaliens sur le golf d’Aden

Repenser (véritablement) notre modèle

La lutte contre celle nouvelle forme d’esclavage se fera sur deux fronts : la coopération entre Etats africains et l’industrialisation.

Il faudrait nécessairement de nouvelles formes de coopération entre États africains. Afin d’assurer une surveillance des mouvements migratoires. Quelle que soit la situation actuelle de la Libye, la collaboration avec les autorités de ce pays est inéluctable. Il faut notamment envisager un rapatriement immédiat des migrants subsahariens ; de gré ou de force. Ceci nécessite une réelle volonté politique de la part de nos dirigeants actuels.

Sur le long terme, il est impérieux de revoir notre politique économique. Ceci inclut une réelle industrialisation. L’industrie est au cœur du progrès économique. Car elle crée des emplois ; des emplois de masse. L’accent doit être mis ici sur les zones rurales. Celles-ci sont délaissées tous les jours par les jeunes découragés par le travail de la terre. Or l’agriculture est également indispensable pour créer de la valeur ajoutée. Pour ce faire, il faut sortir des registres coloniaux, en abandonnant des cultures comme le café et le cacao. Qui depuis des décennies alimentent l’industrie ailleurs tout en appauvrissant nos agriculteurs.

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Commentaires

Ivan
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Pauvre de nous

Hugo
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Bonne analyse. Sauf que vous n'evoquez pas les maltraitances infligées aux noirs.Bien que décriée, l'immigration clandestine ne justifie pas un tel comportement (esclavage). Aussi, s'il y'a une fuite en avant c'est non seulement à cause d'un avenir incertain du fait du contrôle total des ressources, emplois, opportunités d'emploi et autre par les dirigeants ; mais aussi de l'idéal et du sentiment d'infériorité qu'ont les noirs à l'égard des blancs. Pour ce faire il faudrait donc une éducation à la base pour faire comprendre aux africains que l'homme blanc n'est pas supérieur à l'homme noir ; la richesse et le bien-être sont un construit permanent et que le développement de l'Afrique dépend essentiellement des Africains.

Samuel Sufo
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Nous disons la même chose en d'autres termes. Quoiqu'il soit, il faudrait réfléchir toujours à mille fois avant de s'aventurer dans l'océan.

Chantal
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Intéressant ce que tu dis,,pure vérité!

Joseph
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Très belle analyse Samuel mais comme toujours un petit constat s'impose dans tes dires. À un endroit tu dis la faute de cet esclavage n'est pas à nos dirigeants je suis d'accord dans le sens où c'est pas eux qui envoient les gars au front. Mais plus bas tu donnes des résolutions pour lutter contre cet esclavage entre autre tu cites l'industrialisation mieux la politique économique. Alors je m'en vais te demander qui est ce qui favorise l'industrialisation d'un pays? Si tu me réponds c'est nos gouvernants alors là l'autre question s'impose celle de savoir si donc ceci n'est pas fait alors ne sont-ils pas d'une part cause de ce phénomène migratoire qui cause le manque d'emploi et la fuite des cerveaux, la recherche de l'el dorado à tout prix et à tous les prix?

Samuel Sufo
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Justement, l'erreur que nous commettons c'est de penser que l'industrialisation c'est l'affaire de l'Etat. Or depuis des décennies, ns naviguons dans le vide. L'Etat nous embrouille dans des débats sur la démocratie et nous nous laissons emporter par cela. L'industrialisation c'est l'affaire des jeunes que nous sommes. C'est mon avis. Pour le reste, je pense que l'Etat à une part de responsabilité dans l'immigration. Mais même ici, la faute ne doit pas être entièrement rejettée sur lui.

Joseph
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J'aimerais également qu'on réfléchisse sur le pourquoi c'est une chaîne étrangère qui vient parler de ce problème maintenant comme tu dis plus haut que c'est un phénomène déjà connu que CNN a juste remis sur le tapis. Alors s'ils en parle c'est pas Parce que au fond ils sont fatigués des africains chez eux et en faisant ce chantage à l'Afrique les africains qui voulaient se lancer dans ce front prendront peur en voyant comment sont traités leurs frères et éviteront eux aussi de passer par là? Et aussi avec cela même nos dirigeants africains les aide à faire rentrer les migrants dans leurs pays respectifs? Beaucoup de questions sujet trop complexe. Merci bien.

Samuel Sufo
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C'est vrai c'est difficile de démêler tout cela. Une chose est sûre, cet esclavage ne se passe pas seulement en Libye. Et c'est le plus triste dans tout cela